mercredi 22 janvier 2014

Lucrèce : La sérénité du sage épicurien

Suave, mari magno, turbantibus aequora ventis
e terra magnum alterius spectare laborem
Non quia vexari quemquamst jucunda voluptas,
sed quibus ipse malis careas quia cernere suave est.
Suave etiam belli certamina magna tueri
Per campos instructa, tua sine parte pericli.
Sed nihil dulcius est, bene quam munita tenere
edita doctrina sapientum templa serena,
despicere unde queas alios passimque videre
errare atque viam palantis quaerere vitae,
certare ingenio, contendere nobilitate,
Noctes atque dies niti praestante labore
ad summas emergere opes rerumque potiri.
O miseras hominum mentes! O pectora caeca!
Qualibus in tenebris vitae quantisque periclis
degitur hoc aevi quodcumquest!
Nonne videre nil aliud sibi naturam latrare, nisi ut qui
corpore sejunctus dolor absit, mensque fruatur,
jucundo sensu aura semota metuque?

Il est doux, sur la vaste mer, alors que les vents agitent les flots
depuis la terre de regarder le grand labeur d'un autre
Non pas que les tourments d'autrui soient un plaisir délectable,
Mais il est doux de voir à quels malheurs on échappe soi-même.
Il est également doux, d'observer les grands combats d'une guerre
Ordonnés en un champ de bataille, sans avoir sa part du danger.
Mais rien n'est plus doux, d'occuper  le sanctuaire paisible bien protégé bâti
par la doctrine des sages, et d'observer d'en haut les autres qui errent
çà et là à la recherche de la voie d'une vie morcelée,
de faire preuve d'intelligence, de noblesse,
nuit et jour pour s'élever au sommet de la richesse et se rendre maître des objets.
O malheureux esprits humains, O cœurs aveugles!
Dans quelles ténèbres la vie, et dans quels dangers, se déroule-t'elle!
Comment ne pas voir que la Nature ne réclame rien d'autre pour elle
Que l'absence de douleur dans le corps, et que l'esprit jouisse d'un
agréable sentiment, éloigné de tous soucis et de toute crainte?

Traduction par les Latinistes de Terminale

mardi 21 janvier 2014

Songe

Je la vis un soir de brume, De ses bras bercer l'écume Du lac, tranquille et sans un bruit, Progresser dans la triste nuit. Lorsque la lune l'éclaira, La lourde brume s'affaissa, Laissant place à cette beauté, De moire et de brocart parée. De par sa voix elle envoûte, De par ses yeux elle déroute. Ses cheveux d'un blanc de neige, Et ses yeux d'un brun de liège, Incitent aux pauvres mortels, De venir s'approcher d'elle. Mais gracile elle progresse Au milieu de la détresse, De ses larmes désormais eaux Du lac, érigés par ses maux. Lorsque je me penchai au bord, Tout ce que j'y vis fut la Mort.

Aurea-Sidera